Les mouvements de marché ont été largement influencés par les tensions géopolitiques entre la Russie et l’Ukraine, provoquant une remontée forte de la volatilité et un net repli sur les marchés financiers européens et dans une moindre mesure sur le marché asiatique. En revanche, les actions américaines restent toujours dans le vert depuis le début du conflit. En termes sectoriels, les plus forts replis concernent les valeurs d’Europe de l’Est et les valeurs cycliques comme les banques et les constructeurs automobiles européens.
Parallèlement, les obligations mondiales, le dollar américain et l’or ont rebondi. Les prix énergétiques atteignent des plus hauts, le baril du pétrole et le prix du gaz naturel s’envolent.
Quel pourrait être l’impact des derniers événements sur l’économie ?
Le conflit nous conduit à revoir nos anticipations en matière de croissance et d’inflation :
1. La hausse des prix de l’énergie. Le prix du baril de Brent est en hausse d’environ 30 dollars depuis le début du conflit. En règle générale, une hausse de 10 dollars du baril de pétrole fait augmenter l’inflation d’environ 0,4 à 0,5 point en glissement annuel dans les grandes économies et réduit la croissance économique mondiale d’environ 0,1 à 0,2 point. L’Europe devra aussi relever un défi supplémentaire avec l’envolée de près de 50 % des prix du gaz naturel ces derniers jours.
2. Le canal de la confiance. L’actualité négative et la chute des prix des actifs risqués pourraient saper la confiance des ménages et des entreprises et avoir des répercussions plus négatives sur la croissance que ne le suggère la seule augmentation des prix de l’énergie. Toutefois, l’ampleur de cet impact est difficile à déterminer.
L’impact sur l’économie sera variable selon les pays. L’Europe devrait davantage souffrir que les États-Unis ou l’Asie, en raison de l’augmentation plus marquée des prix du gaz en Europe et d’un impact probablement plus prononcé sur la confiance compte tenu de la proximité géographique de la zone de conflit.
Les responsables des banques centrales chercheront probablement à limiter cet impact. Pour le moment, le président de la Fed a confirmé le scénario d’une première hausse des taux d’intérêt à la mi-mars mais il s’est déclaré favorable à un relèvement limité de 25 pb (versus une anticipation initiale de 50 pb).
Quelles conséquences en terme d’investissement ?
L’évolution récente des marchés résulte de l’augmentation de la prime de risque géopolitique. Tant que les tensions géopolitiques seront élevées, les investisseurs délaisseront probablement les classes d’actifs risqués. Cependant la situation évolue rapidement et le sentiment peut également changer.
Avant le début du conflit, nous anticipions un début de normalisation de l’inflation dès le deuxième trimestre avec des marchés soutenus par de solides publications des entreprises. Les derniers développements, du fait des pressions qu’ils exercent sur les prévisions de croissance, le moral des investisseurs et les prix des matières premières nous obligent à réévaluer notre scénario.
Nous pensons toujours que les pressions inflationnistes finiront par se dissiper dans le courant de l’année et que les prévisions de croissance mondiale se stabiliseront, mais désormais nous attendons cette amélioration pour la fin de l’année 2022. Les taux d’inflation pourraient rester supérieurs à 4 % en fin d’année dans les grandes économies, un niveau plus élevé que ce que nous avions initialement prévu.
Certains investisseurs pourraient être tentés d’augmenter leurs liquidités mais une inflation élevée et des taux d’intérêt bas en font une stratégie peu attrayante. Les valorisations relatives favorisent toujours les actions par rapport aux obligations mondiales et aux liquidités. De plus, il est important de rappeler que, malgré les défis actuels, l’impact typique des tensions géopolitiques sur les marchés d’investissement est de courte durée. Historiquement, sur les 80 dernières années, le S&P 500 a mis 35 jours en moyenne pour revenir à ses niveaux pré-crise après un événement majeur.
Dans ce contexte, nous mettons en place une allocation d’actifs plus défensifs avec une gestion active. Nous prévoyons notamment une surperformance des valeurs défensives, de qualité et des matières premières dans les marchés des pays développés. Le pétrole et le gaz bénéficient notamment du conflit actuel (car la Russie représente environ 11 % de la production mondiale de gaz naturel dont elle exporte les trois-quarts). Malgré le niveau élevé du risque géopolitique, ces actifs devraient donc pouvoir servir d’amortisseurs dans les portefeuilles. De plus, certaines parties des marchés émergents ont fait preuve de résistance à la suite des derniers événements, reflétant le fait que cette classe d’actifs a déjà subi beaucoup de volatilité l’année dernière. Une approche sélective axée notamment sur l’Asie est donc logique et peut être intéressante dans le cadre d’une stratégie d’investissement globale.
(Écrit le 7 mars 2022)

L’administration a mis en ligne le 21 décembre dernier ses commentaires définitifs sur le dispositif « Dutreil transmission » et apporté des précisions sur les assouplissements qui résultent de la loi de finances pour 2019. Bercy avait soumis à consultation publique d’avril à juin 2021 une première mouture de ses commentaires qui avait suscité un certain émoi chez de nombreux praticiens (Lettre financière de juin 2021). Bercy semble avoir accordé une écoute positive aux commentateurs et nous livre une copie plus en ligne avec l’esprit du texte. Nous revenons donc sur les principales précisions apportées.
Pour mémoire, le pacte Dutreil est un dispositif permettant sous conditions de faciliter la transmission d’entreprise en allégeant la fiscalité sur les donations ou sur les successions.
Nature de l’activité des sociétés
Pour bénéficier du régime de faveur, la société doit exercer une activité industrielle, commerciale pendant toute la durée de l’engagement de conservation collectif puis individuel… à l’exclusion des activités de nature civile.
Si Bercy confirme que les activités de locations de locaux meublés à usage d’habitation sont exclues du dispositif d’exonération partielle, l’activité de construction-vente d’immeubles (promotion immobilière) et de marchand de biens sont expressément admises.
Il n’est pas exigé que la société exerce à titre exclusif les activités éligibles mais que cette ou ces activités soient prépondérantes. Pour le cas où plusieurs activités éligibles sont exercées, il est tenu compte de l’ensemble de ces activités pour déterminer le caractère prépondérant. L’administration assouplit sa position et admet que l’abandon d’activités et l’exercice d’activités nouvelles sont possibles.

Changement d’activité pendant la durée des engagements collectifs et individuels
L’administration retire la précision apportée dans ses commentaires du 6 avril qui prévoyait que le changement d’activité est possible seulement si la nouvelle activité éligible est exercée immédiatement ou concomitamment avec l’ancienne.
Engagement collectif souscrit par une société interposée :
Dans un contexte de groupe de sociétés, le bénéfice de ce régime de faveur portant sur les titres de la société holding va être subordonné à des contraintes supplémentaires. La société holding devra notamment pouvoir être qualifiée de holding animatrice. Mais quand le caractère animateur est trop ténu ou impossible à mettre en place, il convient alors de faire porter le pacte Dutreil sur les titres de la ou des filiales éligibles. La société holding est alors considérée comme une société interposée et c’est elle qui sera signataire de l’engagement de conservation. Avec la réforme du pacte Dutreil de 2019, qui permet de souscrire un engagement collectif par une seule personne, il était alors possible qu’une société interposée puisse être l’unique signataire d’un pacte Dutreil. Mais l’administration fiscale dans ses commentaires publiés en avril 2021 exigeait que le donateur soit également signataire de l’engagement collectif. Cette position avait suscité un véritable tollé. Bercy reconnaît désormais expressément que la société interposée puisse être l’unique signataire de l’engagement collectif.

Fonction de direction
L’administration assouplit sa position d’avril 2021 en admettant que la fonction de direction après la transmission des titres puisse être exercée par un des signataires de l’engagement collectif (généralement le donateur lui-même). L’administration n’exige plus que l’associé signataire puisse assumer cette fonction de direction qu’à la condition de conserver des titres.
Dans le cadre d’un engagement collectif réputé acquis, il est dorénavant expressément reconnu que la fonction de direction puisse être partagée entre l’un des donataires et le donateur lui-même pourvu que ce dernier ne soit pas le seul dirigeant.
Enfin, dans le cadre d’une transmission par décès de parts ou actions sous engagements Dutreil, l’administration transpose la solution prévue aux entreprises individuelles en acceptant qu’un mandataire (mandat à effet posthume) occupe la fonction de direction pour des héritiers en incapacité de le faire (mineurs…).

L’attaque de l’Ukraine par la Russie a provoqué une forte remontée de la volatilité et un repli généralisé sur les marchés financiers. Néanmoins, nous pensons qu’il ne faut pas réagir de manière excessive. En effet historiquement, à la suite de la plupart des événements géopolitiques, les marchés ont souvent rebondi après une courte correction brutale.
Dans ce contexte de conflit, d’inflation soutenue, de croissance économique inférieure aux anticipations de début d’année, nous avons pris certaines mesures afin d’introduire un biais plus défensif.
Pour cela, nous adoptons un positionnement neutre sur les actions (en ligne avec notre allocation stratégique) en passant sous-pondéré sur les actions de la zone euro et en réduisant notre surpondération sur les actions américaines. Le changement de ton de la BCE, la hausse des coûts énergétiques et la proximité du conflit motivent notre positionnement plus prudent sur les marchés actions européens. Nous maintenons notre position sur les actions asiatiques dont les valorisations restent attractives. Notre stratégie actions se concentre dorénavant sur un équilibre entre les thématiques « Croissance et Value » avec une préférence pour les valeurs de qualité (qui ont la capacité de répercuter dans leur prix les hausses de coûts), les valeurs énergétiques et financières. Nos thématiques « Energy transition » et « Total sécurité » restent également pertinentes dans le contexte actuel.
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Replay du webinaire « Metaverse : nouvel Eldorado virtuel ? » du 10 février 2022
Analyses et idées d’investissements
Les marchés obligataires sont pour leur part perturbés par des données sur l’inflation toujours plus fortes et l’inflexion à venir des politiques monétaires. Aussi nous privilégions les obligations à haut rendement américaines à faible duration et le high yield émergent et nous passons à une légère surpondération sur les obligations Investment Grade.
Enfin nous renforçons notre exposition aux Hedge Funds dans un objectif de diversification et afin de bénéficier de la volatilité des marchés qui est favorable à ce type d’investissement.
Sur le marché des matières premières et sur les devises, nous ne modifions pas notre stratégie. Le dollar conserve son rôle de valeur refuge. L’or, sans surprise, est favorisé à court terme par le contexte de conflit et d’aversion pour le risque.

La Covid-19 et la crise économique ont donné une nouvelle impulsion à la lutte contre le changement climatique. Le plan de relance de l’Union européenne prévoit que 30 % des dépenses seront obligatoirement affectées à la lutte contre le changement climatique. D’autres pays et régions du monde se mobilisent. La recherche d’un niveau zéro d’émissions nettes de gaz à effet de serre (neutralité carbone) est une tendance incontournable qui concerne directement les entreprises. Mais ce qui peut apparaître comme un défi est aussi une source d’opportunités multiples pour les entreprises, et de création de valeur. À condition de respecter une série de conditions précises : définition d’une stratégie, fixation d’objectifs, mise en place d’un mécanisme de reporting et engagement des collaborateurs.
Vues au 28 février 2022. Les données sont présentées à titre d’illustration seulement et peuvent être soumises à des modifications.
Source : Bloomberg
